vendredi 5 novembre 2010

D'énormes remerciements pour vos témoignages de réconfort et de sympathie reçus par téléphone, messagerie ou publiés ici même

Si notre expérience a été très enrichissante pour nous, l'expérience de nos copains qui sont allés au bout de cette diagonale des fous 2010, l’est encore plus.
Ils ont su surmonter le froid, le manque de sommeil, la fatigue et tous les petits ou gros bobos sans dévier d'un pouce la trajectoire de leur volonté pour aller au bout de ce périple, explorant et repoussant toujours plus loin les limites de leurs souffrances physiques et mentales.
Bravos à eux !!! et tant mieux si cette superbe aventure collective que nous a offert Christain  amènera d'autres copains à aller à nouveau en 2012 courir la daigonale des fous sur cette île intense d'émotions
J'ai bien pris note que Catherine, Bernard, Xavier et Thierry s'étaient déjà mis sur les rangs...  

Récits de Christian et des copains diagonale des fous 2010  :  blog de Christian


A Christian et Maryvonne que nous remercions pour
ce superbe séjour sur leur ile de la Réunion

samedi 30 octobre 2010

Echec en coeur à Cilaos pour Florence et moi-même : petits bobos, panne "des sens" et mental défaillant

Mercredi 20 octobre 2010 – 15 h – Saint Denis - Stade de la Redoute

Retrait des dossards. Cette fois ci c'est pour de vrai, on y est.
Puce électronique au poignet avec un bracelet jaune fluo.
On espère garder ce bracelet jusqu’à la Redoute pour le dimanche matin….



Florence joue les groupies auprès de kilian Jornet et de Dawa Sherpa.

Elle rayonne, elle est heureuse et fiere de cotoyer ces grands champions.

On bouchonne dur pour le retrait des lots sponsors, mais on a déjà un pied dans la diagonale.

Retour au gîte, il va falloir s'occuper
sérieusement de nos sacs à dos
et des sacs d'assistancequi seront
à Cilaos et à deux bras.


Jeudi 21 octobre 2010 – 22 h – Saint Philippe – Cap méchant - Stade - Altitude 17 m
Après photos et vidéo du groupe par Hélène c’est le départ en minibus pour Saint Philippe grâce à la famille de Maryvonne, toujours prête à rendre service.
Embouteillage monstre pour approcher du stade, mais le timing prévu par Christian tient la route, tout comme la longue file de véhicule qui descend au pas vers le Cap Méchant.
Surprise pour Florence en déchargeant son sac, elle s’aperçoit que sa poche à eau à du fuir.
Rinçage à l’eau de son sac et sa casquette tout collant de sucre.
La pression monte, ça commence mal.
Bouchon devant la grille du stade où on nous laisse passer par groupe d’une vingtaine de coureurs pour fluidifier le pointage et le contrôle des sacs.
Mon sac me tire déjà sur les épaules, va falloir s'y faire.
Une personne se trouve mal et est prise en charge pour les bénévoles.
Enfin rentrés, nous retrouvons le reste du groupe déjà assis sur des chaises près du ravito avant départ. Nous attendons debout, j’ai hâte de bouger et d’aller vers le départ.

Nous allons sur le stade, pas d'herbe pour s'asseoir, en fait des cailloux et de la poussière, pas moyen de se poser.
Florence fait la queue pour les toilettes, les autres vont se positionner pour le départ, après les adieux de rigueur et un « à la redoute......  » lancé par Christian.
Nous allons à notre tour vers le départ et retrouvons par hasard le groupe sauf Christian, Daniel, Lulu et Alain partis se placer aux avants postes.
Musique, chants et discours nous font patienter.
3 coups de canon poussifs et c’est le départ tant attendu.
Énorme bousculade pour sortir du stade. Les acclamations du publique sont incroyables, des gens sont sur les toits, les flashs crépitent à tout va. Jamais connu un tel départ d'enfer. Ça y est cette fois-ci on est en plein dedans et on fait partie des quelques 2 700 folles et fous qui se lancent sourire aux lèvres à l'assaut de cette superbe île de la Réunion.
On avance tant bien que mal dans cette longue procession lumineuse qui s'étire devant et derrière nous avec toutes les lampes frontales, puis on arrive enfin à trottiner un peu.
Le manche du bâton de florence tombe, j’ai juste le temps d’y donner un petit coup de pied pour le mettre sur le côté et je le récupère avant que tout le monde ne m’écrase en le ramassant.
Toujours cette longue file de multiples lucioles sur la route parmi les acclamation de la foule. C’est impressionnant et galvanisant, mais nous maintenons un petit rythme à 6 / 7 km/h pour ne pas se griller sur la route.
Les premiers kilomètres passés, nous attaquons un route avec petite pente.
Le reste du groupe que nous avons récupéré ne court plus, nous nous joignons à eux. Il est de toutes les façons difficile de doubler. Nous aurions pu doubler plus haut mais le reste du groupe continue à marcher.
Nous arrivons au premier point d’eau, un immense Bazar, il y a des grosses bouteilles d’eau vide partout. On a l’impression que les bénévoles ont été complètement lessivés par les quelques 2100 coureurs passés avant nous.
Nous repartons rapidement et là commence le calvaire : gros bouchon. Ce n’est pas un simple ralentissement comme je l’imaginais mais du sur place, on se demande pourquoi ça n’avance pas, (est-ce les goélettes ?).
1 700m de déniv+ sur 8 km pas à pas.
On piaffe d'impatience, mais on ne double pas d’une part pour ne pas griller, d’autre part parce que ça nous ferait gagner au maximum qu’une centaine de places au prix de gros efforts et enfin ça me gêne, ça ne se fait pas par respect pour les autres concurrents coincés comme nous, un peu comme en voiture dans les bouchons. On est tous solidaires dans cette interminable ascension.
On avance un peu, on arrête, on repart, on arrête, ça gueule, ça chante ça rit, mais pour nous, je le sens mal, inutile de se mettre la pression, patientons.
Longue superbe guirlande de lampes frontales au dessous et  au dessus dans cette superbe nuit avec la pleine lune qui joue avec les nuages.
La végétation change, le vent se fait de plus en plus présent accentuant le froid, nous arrivons enfin vers le haut. Nous avons très froid et nous arrêtons pour nous couvrir. Jacky nous rejoint et se change aussi.
Superbe vue sur le volcan en irruption. Ça sent le soufre, la fumée au-dessus de la lave prend des couleurs rougeoyantes, on entend le volcan grondé. Superbe spectacle, mais il faut continuer et on a froid.
On rejoint le groupe au ravito hormis Pascal qui gère derrière à 10 minutes. Il n’y a pas grand chose à manger, on passe derrière les autres.
Je râle, j’ai faim et ne suis pas rassasié, je n"ai pas encore touché à ma petite bouteille de produit énergétique.
On fait le plein d’eau et on repart pour ne pas avoir froid.
Enfin on peut marcher à un bon rythme, on trottine de temps en temps, la fatigue est là, mais tout est ok, pas de mal au pied, le jour se lève dans la brume, on est en pleine forme.

Vendredi 22 octobre – 6 h 30 - Ravito du volcan - Altitude 2 320 m

Après 30,9 km et 2 590 m de déniv + depuis le départ en 8 h 30 !
Une moyenne de 3,64 km/h. on a une marge de simplement 1 h 15 sur la barrière horaire.
On a pris plus d'une heure de retard par rapport aux pires prévisions imaginées et le pire scénario imaginable commence : courir perpétuellement après les barrières horaires.
Le reste du groupe repart tandis que j’attends Florence en escale technique. Pascal est toujours sur nos traces constant et courageux, il préfère courir à son rythme.
Nous repartons en trottinant et les rattrapons après la plaine des sables pour remonter vers l’oratoire Sainte thérèse. Superbe spectacle des coureurs dans la plaine des sables malgré les nuages et la brume. Pas le temps de prendre des photos, Jacky mène la cadence, nous suivons. Florence va bien, elle est en forme, mais en redescendant, elle se tord une première fois sa cheville déjà fragilisée.
  
Vendredi 22 octobre – 8 h 12 – Piton Textor - Altitude 2 165 m

On a fait les 9,2 km 395 m déniv + à 5,41 km/h. C’est mieux, on regagne sur les barrières horaires. 1 h 30 de marge
Superbe surprise réconfortante de trouver les très sympathiques  Axel et Fatia qui nous attendent patiemment dans le froid.
Mais malgré leur présence revitalisante,  nouvelle déception pour le ravito. Vraiment décevant ces ravitos ! où sont les superbes ravitos vantés par Christian et Dominique ?
J’ai faim, je rêve de repas gargantuesque, mais faut y aller.
Nous faisons le plein et repartons vers chalet des pâtres sous un timide soleil qui nous réchauffe un peu.
Florence se retord la cheville à plusieurs reprises et nous fait un roulé boulé ponctué de cris. Heureusement c'est dans l’herbe, mais elle se blesse à la cuisse avec son bâton, par ailleurs, des ampoules au pied commencent à la faire souffrir.
Première fissure dans mon mental, j’ai peur pour elle et sa cheville qui était déjà en mauvais état avant de partir ne me dit rien vaille. Je l'aide à se rétablir, ne lui montre pas mon inquiétude et nous repartons. Elle sert courageusement les dents, elle boitille, la douleur à l’air de s’estomper.
Au loin on distingue mare à boue, par moment nous courotons.
Arrivés sur la route, je pars en trottinant, Florence me suit, les autres continuent à marcher.
Les sensations sont bonnes, super plaisir de courir doucement, pas de douleur au pied ! J’ai très faim !! Enfin je vais pouvoir me gaver !
Et ben non ! Tout faux !

Vendredi 22 octobre – 9 h 57 – Mare à boue - Altitude 1 594 m

10,30 km fait à 5,89 km/h. On a reperdu 15 minutes sur les barrières horaires. Je pense qu'on aurait pu courir un peu plus.
Arrivés à mare à boue, ça pleuviote, et en guise de super ravito, ce sont encore une soupe insipide dans un gobelet, une assiette avec quelques nouilles froides et un minuscule bout de poulet que nous mangeons sous la bruine avec les copains qui nous ont rejoints.
Je râle, vivement Cilaos pour que là je m’empiffre.
Je n’ai bu depuis le début que 2 ou 3 gorgées de produit énergétique. Je prends régulièrement de la sporténine, mais je sais que les barres que je mange plus les ravitos ne suffiront pas à me maintenir, cela ne m’inquiète pas outre mesure, c’est plutôt Florence qui me soucie, on va aux soins pour qu’elle se fasse soigner ses énormes ampoules aux pieds : 2eme faille dans le mentale. Elle aurait du se faire soigner sa cheville, mais n'y pense pas pressée par le temps.
Une fois les ampoules soignées, nous repartons, j ‘en ai profité pour examiner mes pieds et prévenir une ampoule qui commençait à se former au talon gauche.J'étire mon pied droit. Aucune douleur. Super.
Nous arrivons en courant vers le passage technique dans la forêt qui descend sur le col de bébourg.
Je presse Florence pour qu’on se dépêche un gros groupe bruyant arrive derrière nous, je ne veux pas qu’on bouchonne à nouveau.
Pas de chance, je sens quelque qui me goutte sur les fesses, j’ai peur d’avoir mal refermé ma poche à eau, défait mon sac regarde, et m’aperçois que c’est en fait le bouchon de ma petite bouteille qui s’est défait. Nous repartons, mais trop tard, le groupe vient juste de nous doubler.
La pluie a rendu ce passage encore plus technique, Florence a du mal dans certains passage mais elle ne bloque pas et descend à son rythme quand on ne bouchonne pas.
Arrivé en bas sur la route on se remet courir pour essayer de rattraper le retard. Encore du plaisir à courir.
Nous sommes sous pression. Les barrières horaires sont de plus en plus proches.
Nous courons car nous savons que bientôt la partie technique dans Bélouve va encore nous retarder.
Cette partie est au-dessus de ce que nous avions pu imaginer. Infernale dans les ravines glissantes et boueuses, nous montons redescendons sans fin de ravine en ravine.
Nous bouchonnons encore, le temps s’écoule, les kilomètres ne passent pas et d'ailleurs je n'ai m^me pas allumé ma montre garmin.
Enfin nous sortons de cet interminable et harassant passage où nous avons l’impression de tourner en rond et retrouvons le groupe qui repart du ravito qui lui est toujours aussi léger. Nous refaisons le plein, grignotons et repartons rapidement en courant à leur poursuite.
Je commence à manquer d’essence, mais me dit que je mangerai mieux à Helbourg
Encore une ravine et un sentier technique avant d’arriver enfin au gîte de bélouvre et de basculer vers Hell Bbourg.
Toujours la pluie fine. Nous descendons à un bon rythme, Florence ouvrant le chemin dans cette descente non technique, nous rattraperons en bas de la descente le groupe de copains.
Un coureur qui nous a doublé est couché sur le côté, se tenant la cheville entouré de ses copains.
  
Vendredi 22 octobre – 16 h 18 – Hell bourg - Altitude 970 m

21 km en 6 h 21 - 500 m déniv + et  1 100 m de déniv-
Arrivé au stade, nous retrouvons Daniel en instance de départ et Lulu qui nous dit qu’il jette l’éponge, ses adducteurs le font énormément souffrir. Nous sommes tristes pour lui et nous demandons comment il va rentré Il affiche sa gaieté coutumière, mais nous sentons bien qu'il est profondément affecté par cet abandon.
Le temps presse. On a encore perdu du temps : 21 km à 3,32 km/h
On est quasiment hors clou pour arriver à temps à Cilaos.
On est à 42 mn de la barrière horaire et il nous faut rallier Cilaos en moins de 3 h 45.
On nous annonce pas d’eau avant Cilaos, prudent, je charge à fond ma poche à eau.
Le ravito toujours aussi léger et sommaire, le service minimum d'une course 10 km. Je sens que cette fois ci je ne tiendrai pas. 24 heures Chrono sans manger correctement, ce n'est pas pour moi. J'aurai pu avaler mon peu de  produit énergétique dans ma petite bouteille, mais je n'y pense pas ou n'en ai pas la volonté. J'ai 2,5 kg d'eau sur le dos.
Nous attaquons le cap Anglais, cette fois-ci ça me tombe dessus, je commence à manquer de jus. On se fait doubler par plein de coureurs qui veulent arriver à temps à Cilaos. Prudent je gère, et me laisse doubler.
Très vite la pane d’essence arrive, je continue à avancer péniblement.
A la nuit, nous redoublons des coureurs un peu trop gourmands dans cette ascension. (en fait nous gagnerons 75 places ....)
Arrivé péniblement à Cap Anglais, après 5,6 km, altitude  2 157 m, le vent froid nous saisi, nous nous couvrons, je suis mort, je n’ai pas le courage de chercher à manger dans mon sac, je mange les pâtes de fruits offertes par Françoise mais ça ne suffit pas à recharger. Florence cherche dans son sac les pâtes de fruit magiques.
Très très grosse fissure dans le mentale, ce n’est plus une fissure c’est une faille, un gouffre dans lequel je sombre. La grosse défaillance est là et je n'arrive pas à la gérer, je n'y pense m^me pas. Je n’ai rien fait pour l’éviter alors que je la sentais venir, j’aurai du me forcer à boire du produit énergétique Je n’ai plus la gniac, Florence est inquiète pour moi et parle d’abandonner à Cilaos.
Je suis en train de lui bousiller sa diagonale, mais me laisse couler dans ma torpeur.
Je dis malgré tout à Florence qu’il est hors de question d’abandonner et qu’au pire elle continuera sans moi.
Je ne suis guère convaincant et abandonne ce discours petit à petit. Je ne dis plus rien, son réconfort et sa présence m’anesthésie, je n'ai plus une once de fierté qui me fasse réagir. Elle aurait du me botter le cul, mais n'en a sûrement pas la force elle m^me. Nous avançons péniblement arrêt après arrêt. Cette longue partie pour rejoindre le gîte est interminable, nous la connaissons, l'ayant faite en reco. Elle est jonchée de coureurs en bien pire état que moi pour certains. Ces images auraient dues me rebooster, mais non je communie avec eux, leurs souffrances sont miennes..
4 à 5 km au radar. Arrêt après arrêt, nous arrivons enfin au gîte où surprise, il y a de l’eau…alors qu'on nous avait annoncé qu'il n'y en aurait pas, et un petit ravito léger comme d'hab.
  
Vendredi 22 octobre – 23 h 28 – refuge Piton des neiges - altitude 2 484 m

30 minutes de retard sur la barrière horaire
Heureusement un délai supplémentaire d’une heure pour 300 coureurs a été donné au vu des difficultés. Mais dans ma tête le mentale est dans un gouffre sans fond.
5 h 10 pour faire 10,3 km, 1 517 m de déniv+ à un petit 2 km/h.
C’est la déroute totale pour moi mais surtout pour Florence que j’ai ralentie alors qu’elle aurait pu être dans les délais.
Nous ne nous attardons pas et repartons dans la foulée vers Cilaos, sans voir Didier sous perfusion sous une tente.
Encore 8 km pour arriver à Cilaos.
La descente va se faire au ralenti, mon genou droit me faisant extrême mal à chaque pas.
Il ne manquait plus que cela !!
Je retarde encore Florence, je lui dis de partir devant mais elle ne veut pas me laisser tout seul. Le boulet complet ! Un énorme pensée pour Dominique qui a souffert dans cette descente.
Nous arrivons à la route après 6,2 km de descente et 1 107 m de déniv- 3 heures interminables.
Trois kilomètres plus loin nous arrivons enfin au stade après un grand détour dans Cilaos la nuit.
Cilaos enfin, manger, dormir, se faire masser, ne plus avoir froid, l'oasis tant attendu.

Samedi 23 octobre 2010 – 0 h 25 – Cilaos - altitude 1 224 m 

Nous voyons Maryvonne, Annie, Catherine, Nathalie, Sylvie, Anne, Jean ….. avant de rentrer dans le stade. Les copines et copains sont cantonnés à l'extérieur.Ils attendent inquiets Didier.
Pointage à l'entrée et très grosse déception.
On se croirait dans un hall de gare vide, ou plutôt de stade.
Nous ne sommes pas pris en charge Des coureurs dorment un peu partout, à même le sol le long des tentes ou sur des lits de camps à l'intérieur des tentes et des bâtiments ouverts.
Nous apercevons Jacky au massage qui fait la queue. Nous nous sentons livrés à nous même à un moment où nous espérions le réconfort.
Nous allons manger pour essayer de nous réchauffer et pour me refaire une santé.
Encore tout faux, nous passons encore derrière 2 000 coureurs et somme en retard : Coquillettes tiédasses, sauce tomate froide, petit bout de poulet, j’en redemande, mais on me dit qu’il faut en garder pour les autres….
Quand on sait le goinfre que je suis, on peut imaginer mon abattement. Nous mangeons ce ravito «de survie» sur des tables en plein courant d’air, Florence claque des dents, elle a le dos brûlé par son sac, je n’ai pas le super repas tant attendu, c’est la descente aux enfer.
Jacky vient manger avec nous. Je lui annonce mon attention d’abandonner, plus d’essence plus mal au genou.
Il n’a pas l’air surpris, ne dit rien, mais je sens que ça l’embête pour Florence à qui je dis que c’est à elle de prendre sa décision.
Je ne peux ni lui dire de continuer avec la cheville enflée qu’elle a, ni lui dire d’arrêter. Elle décide d’arrêter. Pascal, le super guerrier arrive pour manger avec nous.
Il dit qu’il va se reposer et verra ensuite s’il arrête. En fait il finira courageusement avec les autres. Chapeau bas !

N’ayant toujours pas officialisé notre abandon, nous allons récupérer les sacs alignés sur le stade, un infime petit espoir tardif commence à renaître en moi, (peut être le réconfort du peu de nourriture avalé), nous allons pouvoir nous réchauffer et qui sait essayer de dormir avant de décider définitivement.
Je cherche Daniel parmi les dormeurs, mais ne le trouve pas. J’aperçois Gérard qui a l’air bien tout comme Jacky.
Nos sacs sont pleins de rosée, nous avons froid. Rideau !
Nous nous dirigeons vers le pointage et rendons nos puces !
Heureusement les copines se sont arrangées pour que l’on couche par terre dans leur gîte, sinon, inconscients que nous étions, nous aurions été obligés de rentrer à nouveau dans le stade pour attendre…. Cela aurait été le comble.
Un énorme merci aux copines

Abandon à Cilaos au bout de 26h 25m 45s de course : Rideau
89,9 km et 5 135 m de déniv+ à 3,4 km h de moyenne
Le flou l'a donc emporté sur le fou.
Pourtant sur le papier cette folie de diagonale dans ces paysages grandioses de la Réunion était jouable. Nous nous étions bien préparés physiquement.
Le déroulement de la course et notre (mon) incapacité à surmonter et gérer nos (mes) défaillances en ont décidés bien autrement de ce que nous avions plus ou moins imaginés dans les pires moments de ce périple.

Un abandon peut en cacher un autre :
C'est notre premier abandon sur un trail et cet échec nous a été très difficile à accepter et à assumer après coup, alors que nos copains étaient encore en course ou arrivaient pour les premiers (Christian et Alain  puis Gégé sur le semi).
Qu'est-ce qui nous a pris d'abandonner alors que nous avions prévu ce genre de coup de mou ?
Christian nous avait rappelé qu'il ne fallait surtout pas abandonner sur un coup de tête, mais de plutôt attendre et se reposer afin que la fatigue s’estompe et que le mental reprenne le dessus. Oui mais là en plus on avait froid, et j’avais la dalle. Pas de bol.

Mauvais mode d'emploi. Faudra qu'on revoit la notice car on n’a pas su prendre le recul pour :
  • Commencer par se changer pour se réchauffer, 
  • Surmonter mon coût de fringale dans la montée de Cap Anglais (avec un petit repas froid à Cilaos alors que je rêvais d’un ÉNORME repas depuis Mare à boue et Bélouve) 
  •  Se faire soigner et masser :
    •  ou simplement voir mon genou qui coinçait depuis le haut de la descente sur Cilaos, et strapper
    •  Faire soigner la cheville de Florence par un Kiné et strapper
    •  Les ampoules de Florence qui auraient pu être soignées à nouveau
    •  La brûlure provoquée par le sac à dos sur le dos de Florence, il suffisait que nous remettions de la bande,
  • Chercher une place pour essayer de dormir en se serrant l’un contre l’autre pour se réchauffer,(mais pas de câlin, ce n'était pas le moment)
  • Penser à toute cette longue préparation et à toute notre famille et les copains qui nous suivaient à distance, (après coup, je pense que les appels téléphoniques et les SMS sont hyper importants pour les coureurs et peuvent même être un sacré coup de pouce dans les moments difficiles),
  •  Et voir ensuite, après ces minutes de repos grappillées, comme l’a fait Pascal, si l’abandon n’était toujours que la seule issue. 
Rien ne dit que si nous avions trouvé les forces et le mental de faire tout cela, nous serions allés au bout, rien n’est plus certain, mais au moins nous n’aurions pas ensuite visualisé en boucle le film de cet abandon frustrant pour nous, pour Christian et les copains, mais aussi pour toutes celles et ceux qui avaient cru en nous et qui nous avaient témoigné de leur soutien.
  
Un ultra, c'est savoir gérer ses défaillances
Je pensai être capable de gérer l’ensemble de NOS défaillances, et en fait, mes défaillances ont pesées sur le mental de Florence et sont venues s’ajouter aux siennes, et à un moment dans le cap Anglais, alors qu’elle commençait à me dire que nous allions abandonner à Cilaos, alors que je lui assurai que non, il en était hors de question et qu’au pire elle continuerait sans moi, je n’ai plus eu la force mentale de continuer à la rassurer et à la booster. Elle me voyait telle une loque me traînant pas à pas, m’asseyant, repartant, n’osant pas me laisser finir seul malgré mes suppliques.
Le pire dans tout cela, c’est que malgré ma montée et ma descente calamiteuse, nous avons gagné 74 places !
Un élément de plus qui aurait pu nous re booster si nous l’avions su.
Je pensai quant à moi qu’on était les derniers, malgré le fait que nous doublions constamment les imprudents qui s’étaient lancés bille en tête dans l’ascension de ce cap anglais plutôt méchant : Nombre de coureurs arrêtés à quelques encablures du refuge du piton des neiges, sous leur couverture de survie à l’abri du vent contre des rochers sur le rebord du chemin constitué d’amoncellement de pierres et de rochers, certains même inconscients rebroussant chemin vers Hell bourg la couverture de survie en guise de jupette pour se protéger les jambes du froid, de vrais zombies que nous découvrions de ci de là dans le faisceau de nos lampes frontales.
Comme quoi, les appels téléphonique ou SMS sont toujours les bienvenus pour le réconfort d’un coureur en perdition.
  
Quels enseignements tirer de cette expérience malheureuse mais enrichissante ?
Tout d’abord, ne pas chercher d’excuses ou de prétextes extérieurs pour justifier cet échec, plus de la moitié des coureurs sont arrivés au bout de ce périple, dont les copains Christian, Alain, Jacky, Daniel, Gérard, Didier le rescapé, mais aussi l’indémontable et insubmersible Pascal.
C’est donc en nous et surtout en moi qu’il faut chercher les causes d’une telle déconvenue, tout en évitant l’écueil de l’auto flagellation :
  
1ere erreur : le poids du sac
 Tout d'abord comme à mon habitude, je pars avec un sac à dos qui fait 6 à 7 kg minimum, du n'importe quoi à la sauce François ! (merci à Alain pour le prêt de sons sac, le contenant était adapté, mais pas le contenu)
  •  les 2 l d'eau,
  •  + 50 cl dans une bouteille où j'ai mis du produit (mon essence, je ne peux plus ingurgiter les produits overstim ou decath) dont je ne boirai que 3 ou 4 gorgées et que je traînerai jusqu'à Cilaos pour rien sinon m'user,
  •  le ravito en barres, pain d'épice et 5 recharges poudre pour la bouteille,
  •  2 x 300 g de produit repas complet pour compenser la non-ingestion de produit
  •  1 paire de chaussettes, 2 maillots, une veste pluie coupe vent
  •  la lampe frontale + 1 deuxième pour Florence + des piles de rechange,
  •  l'appareil photos dont je ne me servirai pas
  •  les câbles et le support pour recharger le GPS au cas où.... sur le volcan je trouverais une prise.... (Je n'ai pas utilsé le garmin pour économiser la battetie, il ne m'a servi à rien et ça m'a manqué pour la vitesse, la fréquence cardiaque, les km et l'altitude tnat pour le mental que pour adapter le rythme de course)
  •  et 1 poche ravito clandestine trouvée au fond du sac, sensée être dans le sac à Cilaos,
  •  et le bâton tip top que nous avait confectionné l'ami Dominique
 Enfin bref, beaucoup, beaucoup trop de poids.
 Du lourd, quoi, du très lourd même, alors que tout le monde sait que l'ennemi du trailer c'est le poids….
  
2eme erreur : trop loin sur la ligne de départ
 Ne jouant pas les frimeurs, et ne voulant pas se trouver pousser aux fesses par des coureurs plus rapides que nous, nous ne nous étions pas assez avancés, ce qui fait qu'après la cohue du départ, nous n'avons remonté que très peu de coureurs, ne voulant pas aller trop vite et nous griller avant l'ascension du volcan. Christian nous avait conseillé de partir plus vite, il avait raison parce que la montée du volcan s’est révélée un calvaire pour nous, on s’arrêtait tous les 10 pas dans un embouteillage sans fin sur un sentier monotrace.
  
3eme erreur : ne pas s’être préparé à la gestion du froid et du sommeil
 Alors qu’il faisait bon au départ et que je transpirai en parfait baudet du Poitou qui traînait sur son dos sa surcharge inutile, le vent en haut du volcan nous glaçait et un cuissard long aurait été nécessaire.
 Il faisait très froid aussi, toujours avec ce vent glacial en montant au refuge du piton des neiges.
 Arrivé à Cilaos, le repas froid ne nous a pas réchauffé, Florence grelottait littéralement, comme lors de notre montée en haut du piton des neiges la semaine précédente, et ce n’est pas le repas froid pris en plein courant d’air et la récupération de nos sacs trempés par la rosée qui nous a réconfortée.
 On est des petites natures qui aimons sûrement trop notre confort, mais ressortant tout juste d’une bonne crise des sinus, à cet instant précis, sur ce stade, où tous mes sens n’émettaient que du négatif, je ne voulais pas attraper en plus la mort par une rechute. Mes sinus ne m'aviaent laissés tranquilles qu'un à 2 jours avant le départ
Il faudrait donc s’équiper en vêtements technique adéquat.
  
4eme erreur : Courir tous les 2
Pour moi ce fût vraiment un immense plaisir que de courir aux côtés de Florence et de partager toute cette première partie même dans les moments difficiles, mais ce fut sûrement une erreur de ne courir que tous les 2 puisque, nos sentiments protecteurs réciproque sl’emportaient t sur la GNIAC pour aller au bout.
Contrairement à ce que je pensai, nous ne pouvions pas l’un l’autre nous pousser au-delà de nos limites comme nous l’aurions fait entre copains, de peur d’être responsable de blessures supplémentaires pour l’être aimé.
Pour se mettre dans des états pareils, à certains moments, il ne faut pas s’aimer en tant qu’individu, comme certains disent. Mais en couple cet amour nous rend très réceptif à la souffrance de l’autre et devient un frein pour pousser l’être aimé à se surpasser.
Loin des yeux, loin du cœur. Florence aurait pu arriver une bonne demi-heure avant moi à Cilaos, j’aurai pu gagner du temps dans les descentes techniques ou les arrêts « techniques », mais ce n’est pas comme cela que nous avions décidé de parcourir ce périple. Erreur ou raison, nul ne sera le dire, car on ne refait jamais une course sur le papier.

Panne des sens, mais pas de panne de sentiments l’un vers l’autre
De la théorie à la pratique, il n'y a pas qu'un pas : tracer la route, oui ! mais jusqu'où ?
Le dire c'est bien , mais le "fer" c'est mieux......

Pour nous cette route s'est arrêtée à Cilaos.
Une grosse panne "des sens" qui a inhibée en nous toute velléité. Aucun recul et avis extérieur pour objectivement mesurer les conséquences de notre abandon.
Où était ce « dépassement de soit » qui nous fait habituellement avancer ?
Aucune pensée pour cette longue année d’entraînement, ces sacrifices consentis, cet engagement moral pris avec Christian, les copains, les amis et la famille.
Plus rien, zéro, un repli sur nous même et une envie primaire immédiate de se réchauffer, de dormir, de penser ses blessures et de manger enfin à sa fain (fin).
L’esprit n’était plus disponible, c’est le corps qui commandait.
Pourtant aussitôt, l'acte définitif de rendre notre puce, la paire de ciseaux qui coupe notre bracelet jaune !, les regrets m'ont submergés, la consience m'est revenue, mais c'était trop tard.
Nous avions pris le billet de sortie, sans possibilité de retour.
Facile de refaire le film après coup, mais sur le moment pas facile à gérer tout ça.
Penauds et honteux, nous savions qu'il faudrait dorénavant assumer cette décision : le courage nous a manqué, et c'est au fer rouge qu'il s'est marqué dans nos esprits aussitôt la porte du stade franchie.
Une expérience certes enrichissante, mais sur un tel projet  une expérience qui a un sacré goût d'échec face à un objectif de longue haleine non atteint.
Pour positiver, une chose est certaine, si mon amour propre en a pris un sacré coup, avec tsunami et répliques émotionnelles lors des arrivées des copains sur le stade, mon amour pour Florence dans le partage de ces difficultés n’en est ressortit que plus grand. Ce sont de grands moments que j'ai plaisir à me remémorer.
Nous avons partager quelque chose qui est hors du commun, et nous devons en sortir grandis.

Il me tarde de repartir à ses côtés sur de nouvelles aventures, en courant sur d’autres ultras, si les bobos me le permettent (genou inquiétant après le pied qui lui pourtant ne s'est pas manifesté (??)), ou en vélo sur de nouveaux périples si elle veut bien m’y accompagner.
Le partage et la solidarité était bien au rendez-vous, même si je culpabilise d'avoir été sur la fin un vrai boulet pour Florence, alors que je m'étais promis de tout faire pour l'aider à finir cette diagonale.....
J'ai pris soin d'elle et l'ai assistée jusqu'à Hell Bourg, mais après, la panne d'essence, le coup de fringale a balayé toutes ces bonne résolutions et je me voyais mal l'encourager à continuer après Cilaos avec sa cheville en compote, ses ampoules et son dos brûlé, pour qu'elle se fasse encore plus mal.

Le matin, après quelques heures de repos, voir le taibit au fond du cirque de Cilaos sous un soleil éclatant m'a rapidement piqué les yeux et nécessité le port des lunettes de soleil : les copains continuaient et nous, nous regardions cette superbe montagne, les baskets au pied, le sac en bandoulière, avec le sentiment qu'on aurait pu encore en découdre -  trop tard !
Il me tarde de repartir aux côtés de Florence sur de nouvelles aventures, en courant sur d’autres ultras, si les bobos me le permettent (genou inquiétant après le pied qui lui pourtant ne s'est pas manifesté (??)), ou en vélo sur de nouveaux périples si elle veut bien m’y accompagner.


Et pourquoi pas sur la diagonale des fous 2012 !

Christian sera V3 et briguera le podium, Bernard se joindra à nous avec d’autres copains qui ont salivés durant cette diagonale des fous 2010, et nous avons déjà des volontaires pour l’assistance. (avec nourriture à volonté !)
Chiche !
 Et pour Florence et moi-même, ce sera l’occasion de reprendre notre revanche contre nous même et de courir (ou plutôt) marcher ensemble dans MAFATE.
  
Ce sera aussi l’occasion d’essayer de conjuguer à 2 le dépassement de soit pour en faire un « dépassement de nous » salvateur et rédempteur.

A toutes celles et tous ceux qui ont connus un jour le goût amer de l'abandon.
  
Merci à Christian et Maryvonne pour ces superbes vacances sur l’île de la Réunion si chère à leur cœur qu’ils ont pris un grand plaisir à nous faire découvrir et partager.
Merci à toutes celles et ceux qui nous ont encouragés et soutenus.
Mille excuses aux copains et à Christian pour cet abandon.
Mille milliers d’excuses à Florence
Chapeau à Alain, Christian, Jacky, Daniel, Gérard, Didier et ce sacré costaud de Pascal

Et bravos aux organisateurs pour ce super ultra hyper trail et aux réunionnais toujours super gentils et accueillants pour qui la diagonale des fous est un événement d’intérêt général pour leur île.

Pour voir les vidéos sur Canal grand raid : ICI

et Une excellente vidéo "bilan de Serge Jaulin" ICI

Encore bravo à nos héros qui terminent cette édition 2010 de fous et une énorme pensée à Éric et à toutes celles et ceux qui auraient bien voulu y participer.










mardi 19 octobre 2010

1 merveilleuse semaine de préparation intensive et de superbes balades

Superbe programme concocté par Christian !!  Un grand merci à Christian et à Maryvonne.

Vendredi 8 octobre 2010 Arrivée à Saint Denis sur l’ile de la Réunion où nous attendent Christian et Maryvonne. Direction Saint Leu chez Hélène qui nous loue 2 gites séparés par une piscine "piegeuse"que nous partagerons aussi avec Lulu Annie et Daniel. Au passage, plage et bain de mer à Saint Gilles. Repos mérité, nous sommes fatigués après cette nuit passée dans l’avion et mes sinus ont du mal à retrouver leur équilibre.

Samedi 9 octobre 2010 – Cap Noir – Grande Chaloupe
25,5 km – 800 m déniv + 1 800 déniv – en 5h30.
Levé, petit déjeuner avec vue sur l’océan sous un super beau soleil, je pars en car pour Dos d’Ane alors que Christian, Maryvonne, Florence, Didier et Nathalie (arrivés un jour avant nous) déposent une voiture à Grande Chaloupe et me rejoignent au départ de notre sortie du jour pour reconnaître une portion du grand raid, après un petit aperçu depuis Cap Noir sur le cirque de Mafat et la canalisation des orangers dont on distingue le tracé à flan de montagne vertigineuse (une grosse pensée pour Patou avec qui j’ai fait cette superbe rando il y a quelques années après que Papy nous ait déposé de beau matin à Sans Souci au dessus de Saint Paul).
La reconnaissance de cette portion de la diagonale des fous 2010, du 131 eme au 147 eme km nous permet de nous acclimater à l’altitude et à la chaleur. Elle nous permet aussi, grâce à Christian qui l’avait déjà faite par temps humide avec Gégé son beau frère, de mesurer la difficulté d’un passage technique périlleux pas temps de pluie.
Florence a un peu de mal dans les passages en descente abrupte très pentus où il faut s’accrocher aux arbres pour descendre mais retrouve vite son agilité et va ensuite à un bon train. Quant à moi, je ménage ma monture et suis vigilent à chaque pas qu’il faut poser entre pierres et racines, sans se tordre les chevilles ou chuter.
Après la Possession et un ravitaillement en eau salutaire, nous attaquons le chemin des Anglais, pendant plus de 2h à bon train, pentu en plein soleil (nous sommes redescendus au niveau la mer) avec de gros pavés stabilisés puis des pavés clairsemés au travers desquels il faut slalomer. Nous laissons ce chemin des Anglais à grande Chaloupe, alors que le tracé du grand raid le suit encore pendant pas mal de km qui se révèleront exténuant en journée avec le soleil et la chaleur et technique la nuit. Mais nous nous disons que si déjà nous arrivons à ce chemin des anglais, ce sera bon signe on n'aura pas « sauté » en route et, sauf grave blessure, arrivés à ce kilométrage, nous devrions aller au bout de cette diagonale qui s’annonce hyper difficile...

Dimanche 10 octobre 2010 – Arrivée de Daniel, Annie et Lulu
Repos et plage sous un temps gris et venteux : j’ai froid et mes sinus commencent à m’inquiéter. Florence a mal à ses cuisses et j’ai quelques douleurs musculaires normales après notre rando d’hier. Piscine, bain de mer et compex sont de rigueur.

Lundi 11 octobre 2010 – Nez de Bœuf – Volcan et Piton de l’eau
 27 km – déniv + et déniv – en 6 h 30
Le petit groupe part pour la journée réparti dans 3 voitures. Grace à Gégé que nous avons pris à Saint Pierre, nous montons au nez de bœuf où nous bénéficions d’une superbe vue panoramique. Puis plaine des sables et descente dans l’enclos en direction du Dolomieu.
Alors que nous arrivions en haut du volcan, la gendarmerie en hélicoptère nous a demandé de remonter au parking, une irruption du volcan étant imminente. Dommage, mais la sécurité avant tout, et par ailleurs, nous avons déjà fait avec Florence, 2 fois le tour du volcan lors de nos séjours précédents sur l’ile avec Audrey et Doriane, dont une première fois où elles n’étaient pas bien grandes. Nous penserons fortement à elles à flan de ce volcan. Les copains sont quant à eux plus frustrés.
Puis direction le magnifique Piton de l’eau pour le Pique nique au milieu des arômes. Après une casse croûte revigorant, je décide de continuer la rando, direction oratoire sainte Thérèse, avec Christian, Gégé et Didier, histoire d’emprunter une portion de 8 km du parcours du GRR jusqu’au chalet des pâtres via le piton textor. Les véhicules devant nous reprendre en bas. C’était sans compter sans la grande aptitude à se perdre de nos comparses restés sur place pour se reposer en regagnant tranquillement les voitures. Ils se sont en fait égarés et marchés 2 heures jusqu’à la nuit pour retrouver le parking …. Nous avons été obligés de revenir vers les voitures à partir de Picton Textor. J’ai rapidement senti le froid me saisir lors de la tombée de la nuit, nous sommes à 2165 m et le vent accentue la sensation de froid.

Mardi 12 octobre 2010 – Arrivée de Jacky – Repos, plage, nage avec tuba.
Florence a toujours mal à une cuisse, pour ma part, si ce n’étaient ces sinus qui coulent énormément, ce serait le « pied ».

Mercredi 13 octobre 2010 – Mare à boue – refuge Piton des neige Via le terrible Cap anglais –
30 km 1 451 m déniv + et 2 037 déniv –  en  8h
C’est en car que nous nous faisons déposer sur la route de Saint Pierre à Saint Benoit à l’intersection du GR2. Gégé et Julien nous ont rejoints à la gare routière de Saint Pierre. Aussitôt descendus du car nous ajustons nos équipements et admirons au loin le piton des neiges.
Ma Florence trébuche et s’affale dans l’herbe au dessous de la statue de Saint Expedit, le saint qui exhausse tous les vœux…… à la Réunion. Elle se fait mal à sa cuisse droite, en complément des douleurs musculaires qu’elle avait déjà à sa cuisse gauche. Heureusement, Julien le très sympathique neveu de Christian et Maryvonne sera là pour faire les massages qui la soulageront, mais elle souffrira de ses 2 cuisses tout au long de ces 2 jours de superbes rando.
Nous commençons par trottiner à petit train pendant 2km sur la route bétonnée puis sur le chemin à partir de Mare à boue avant de descendre vers le col de bébourg par un magnifique petit sentier hyper technique, qui sera très périlleux là aussi si il pleut.
Puis 16 km fastidieux sur la route jusqu’au refuge de bélouve où on domine Hell-bourg en contrebas. Là encore, que de souvenir de nos promenades dans cette magnifique forêt primaire avec les parents de Florence et véronique et nos 2 filles minuscules sous ces fougères arborescentes gigantesques. Longue descente sur le magnifique cirque de Salazie, lui aussi lieu de nos précédentes promenades en famille. Ravitaillement en eau au stade de Hell- bourg, puis début d’ascension du cap anglais avant de s’arrêter pour le casse croûte salvateur.
J’ai froid, je pars tranquille devant. Petit à petit le sentier devient de plus en plus pentu et l’escalade des rochers est par moment harassante pendant ces 1 150 m de dénivelé positif. Là encore, si le sentier est humide vendredi dans 8 jours, ce sera un vrai calvaire à monter Je vais doucement et essaie de ne pas affoler le palpitant. La troupe me rejoint au cap Anglais. Florence à l’air facile, malgré la lassitude engendrée par une telle montée.
Nous trouvons le reste du parcours long pour rejoindre le gite du piton des neiges où nous mangerons et dormirons ce soir. Comme à notre habitude, nous mettons une ambiance d’enfer lors du repas. Après un petit ‘tiercé’ rituel, et de superbes chansons créoles de ce décidément très sympathique Julien, nous allons nous coucher sous une tente en dure "plaine des Chicos" pour une très courte nuit parmi les ronflements et bruits et odeurs incongrus.

Jeudi 14 octobre 2010 – Sommet Piton des Neiges – Cilaos
650 m déniv + 1 850 m déniv – en 4 H
Levés à 3 h 00, nous attaquons à la lampe frontale les 600 m+ d’ascension vers le sommet du piton des neiges pour aller y admirer le levé du soleil. Arrivés en haut 1h30 plus tard, nous attendons 20 minutes, à l’abri du vent glacial derrière des rochers. Nous claquons des dents et tremblons de tout notre corps, malgré les vêtements et le coupe vents que nous avions mis. Florence et moi nous serrons l’un contre l’autre, accroupis, pour essayer de se réchauffer et immortaliser dans nos mémoires ces instants magiques.
Aussitôt le soleil levé, nous décidons d’entreprendre la descente pour nous réchauffer, tellement c’est intenable.
Nous prenons notre petit déjeuner, pas assez copieux à mon goût pour la descente qui nous attend et allons nous reposer 2 heures avant de repartir.
Longue descente vers Cilaos. J’ai une pensée pour l’ami Dominique qui avait souffert dans cette descente il y a 2 ans, alors que le sentier était humide et glissant. Nous l’appelons au téléphone pour lui témoigner notre amitié et notre solidarité pour ce qu’il a du endurer avec ces genoux tout juste opérés 2 mois plus tôt …. Nous croisons des agents forestiers qui entretiennent les sentiers et montent les rondins à dos d’homme pour faire les marches que nous foulons. Nous sommes admiratifs devant l’effort de ces hommes qui portent à chaque tour 2 rondins de 10 à 15 kg chacun.
Je suis aussi admiratif de ces randonneurs anonymes qui montent vers le gite avec d’énormes sacs à dos sur le dos, ahanant à chaque pas. Nous partageons la même passion de la montagne qu’eux, et notre respect réciproque, lorsque nous nous croisons et nous saluons est d’un grand réconfort.
Je descends tranquille et laisse partir Florence, pour ne pas taper mon pied et réveiller les douleurs de mon talon qui pour l’instant sont inexistantes, pourvu que cela dure.
Florence a toujours mal à ses cuisses, malgré les massages de Julien, mais elle avance toujours bien
Passage au bloc puis aArrivée à Silaos. Nous mangeons dans un bar avecambiance garantie par notre joyeuse bande et chanson créole de Julien qui donne aussi une leçon de danse à Lulu.
Puis nous prenons le car qui nous redescendra à Saint Louis, virage âpres virage, grâce aux meilleurs chauffeurs de car du monde (dixit Julien qui nous pousse encore quelques chansonnettes en passager marron qu'il est avec Gégé).
Mal de tête et nez bouché ne m’auront pas quitté de la journée. Florence s’est tordue la cheville lors de la descente du Piton. Chrisitan quant à lui est encore sous l'effet du somnifère qu'il a pris la nuit au refuge. Retour à la maison, piscine, compex, repos et gros ravito ....

Cette rando devant être la dernière avant la diagonale des fous.

Vendredi 15 octobre 2010 – Le volcan s’est réveillé –
20 km 5 heures de marche
En fait de repos, actualité sismique oblige, suite au coup de téléphone de Jacky, nous repartons pour le volcan qui s’est réveillé dans la soirée de la veille. Nous allons après Piton Bois vert pour admirer la lave qui jaillit et alimente plusieurs sillons rouges.
5 heures de marches aller retour. Le spectacle, bien que vu de tres loin est impressionnant, odeur et bruit dans ces paysages marsiens gravent ces moments eceptionnels dans nos mémoires. Christian fait décidèment bien les choses. Espérons quele Grand raid ne sera pas dévié. Si le volcan est encore en activité dans 8 jours, le spectacle de nuit devrait être superbe.Par ailleurs le feu au maîdo qui sévit depuis plusierus jours nous inquiète.
Florence à mis une chevillière sur sa cheville très enflée. Au retour à la nuit tombante, nous sommes effarés de croiser des gens non équipés en chaussures correctes et en vêtements chauds avec des enfants en bas âge, alors que nous sommes à plus de 2000 mètres d’altitude. Le spectacle nocturne doit être exceptionnel et magnifique, mais un minimum de prudence et de sécurité doit être respecté alors qu’il fait 6 à 10 degré la nuit et que le vent est toujours constant.
Retour avec une superbe couché de soleil sur un océan de nuage blanc et cotonneux enserrant toutes les montagnes. Aussitôt arrivés, nous allons chez Hélène, notre hôte, qui organise une petite fête avec quelques 150 invités, dans sa superbe maison avec patios, terrasses en bois avec vue sur l'océan en contrebas et piscine. Quelques 90 bouteilles de champagnes y seront bues, parmi d’autres boissons, lors de cette superbe soirée. Soucieux de préserver nos forces pour le grand raid, nous n’abuserons pas des boissons alcoolisées et nous coucherons à 1 heure du matin avec Florence. Bien entendu, Florence a dansé avec nous, ce qui n’a pas arrangé sa cheville. Maintenant grand vrai repos jusqu’à jeudi prochain…..

Nous sommes aujourd'hui mardi à J-2, la lorence va un peu mieux, mes sinus se vident petit à petit. Notre groupe est allé mangé hier soir chez les très sympathique Axel et Fatia, que nous nous sommes faits un grand plaisir de revoir avec Florence. Christian nous avait auparavant dans la journée fait découvrir les sperbes bassins de Manapany (que nous connaissions déjà avec Florence) et les côtes du pays natal de Maryvonne sur lesquelles nous avons fait notre petit footing de 25 mn avant d'aller pique niquer sur les bords de la rivière Langevin et ses bassins et superbes cascades. Un petit tour dans un village retiré où on aurait aimé s'arrêter et y passer au moins une journée telllement on s'y sent bien avec ses bananeraies et ses champs d'annanas à coteaux de montagne.
Maintenant, nous allons préparer nos sacs et nous reposer avant d'aller demain chercher nos dossards. Nous ne savons toujours pas si le parcours sera modifié pour cause d'incendie du Maîdo.

A suivre en direct sur le site du grand raid 2010 ICI

FLORENCE : dossard 115              FRANCOIS : dossard 80


Voir aussi sur le blog de Chrisitan ICI