jeudi 26 juin 2008

5eme étape : Saint Etienne de Lugdares - Carpentras

26 juin 2008

Départ à 6 h 30
Arrivée à 18 h 00

Itinéraire Via michelin :
- Distance : 152 km ==> réalisé : 164 km
- Temps : 10 h 49==> réalisé : 11 h 30

L'étape de tous les dangers ?

Je quitte à la fraîche mon sympathique couple de restaurateurs dans ce village qui s'affiche aussi comme étant le lieu où la bête de Gévaudan a été tuée ....

Ce village est aussi celui où est né le bagnard Papillon.

Bête, bagnard, allez, tout est là aujourd'hui pour me lancer, moi forçat de la route, à l'assaut de cette montagne ardéchoise qui m'appelle.

L'itinéraire d'aujourd'hui doit me conduire en haut de la montagne par une route signalée en rouge et blanc sur la carte Michelin, signe de dangerosité....

Des villageois me l'ont confirmé, ca grimpe dur!
et faut pas avoir peur du vide !
1 km dans la vallée toujours avec en fond sonore le bruit de l'eau et des cloches des vaches (différents son de cloche en fonction du papa, de la maman et du petit) et bien entendu l'odeur de foin.

Et d'un seul coup, à droite la grimpette commence.

Ça me convient, J'ai envie d'en découdre.

Les lacets s'enchaînent, ils sont très rapprochés, très courts et très raides comme il se doit, je ne serai pas venu pour rien.

C'est debout sur les pédales que je les passe.
Je joue les équilibristes, tout est à gauche et je fais quasiment du surplace.
Je suis a à peine 9km/H....

Lacet après lacet, je grimpe, à mon rythme, et là, devant moi, belle récompense : une biche au milieu de la route m'observe un moment puis, d'un bond agile et gracieux disparaît dans les bois sombre, imité par une autre biche qui traverse à son tour.

Son jugement est sans appel, je ne suis pas la bête que je pensais être ce matin.

Tant pis pour mon ego, je continue le sommet en point de mire. Je suis là pour le combat, je ne baisserai pas les yeux, je suis à mon élément et dire que ce n'est qu'un toute petite partie des circuits de l'ardéchoise...









En haut, je découvre le circuit qui redescend avant de remonter sur l'autre versant de la montagne.

Des sensations, j'en voulais et je suis servi !

Je mets ma veste et c'est parti pour la descente vertigineuse.

Très impressionnant !
Je roule au pas.

Le vide, les bourrasques de vent qui me bousculent, c'est beau, j'aperçois
la route qui serpente 100 m plus bas.


Arrivé en bas je suis obligé de finir de descendre les derniers lacets






Si la route était étroite au début, elle est maintenant minuscule avec en plus un amoncellement de graviers au milieu.

Prudence, Prudence avec mes huit kilos sur le dos.
La remontée se fait aussi au début à pied, un vrai mur !







Ça monte toujours !


Il est 8 H15 et je n'ai fait que 12 km !

Mais quel spectacle ! Grandiose !
Aucun mot, aucune photo, ne peuvent décrire ce que j'éprouve dans cette ascension où plaisir de l'effort physique se conjugue avec plaisir des
yeux.









C'est vrai depuis le début de mon périple, mais ça été crescendo, m'habituant au fur et à mesure aux paysages que traversais :
de ma vallée du Clain, pourtant si chère à mon cœur, mais qui ne fait pas le poids ici, je suis passé dans le limousin puis au travers des volcans d'Auvergne et maintenant j'attaque ceux de l'Ardèche aux allures de montagne.


L'air est saturé par le parfum du genet et exacerbée par la rosée du matin et le soleil qui chauffe de plus en plus.
La montagne en est couverte.


Au loin derrière moi, la route a tracé son sillon dans ce jaune qui explose littéralement au soleil.
La haut, le ciel approche.
''y suis, je remets ma veste et
rejoins la route principale.






Il est 8 h 50, et je n'ai avancé que de 6 km depuis tout à l'heure, mais ça valait le coup !


En route pour pour suivre le ruban de goudron qui disparaît au
loin dans la vallée, dans une descente de à pic pendant 15 km en lacets successifs.

Je reste vigilant, il ne s'agit pas de prendre trop d'élan pour négocier chaque épingle et surtout ne pas se laisser surprendre par une déformation de la chaussée, le précipice est encore là, impressionnant.


Je rencontre 1 cyclo qui se la joue gros bras, sans casque avec bobonne qui suit en voiture... puis d'autres plus humble, le rythme régulier et sure.
Des cyclotes aussi, et 1 tandem.


En bas, j'entends , un "peuchère" haut et fort lâché par un homme en colère quelque part dans le fond de la vallée.

Les cigales ont définitivement remporté le concours de chant qu'elles livrent
depuis quelques kilomètres aux grillons.

Ça y est, plus de doute, je suis dans le SUD !

La chaleur est de plus en plus pesante.

Je file vers l'Argentière, hors itinéraire prévu, pour éviter une cote annoncée avec 1 chevron sur la carte Michelin.

Et là, je ne regrette pas ma décision, même si à plusieurs reprises je suis perdu.

Je suis au hasard les routes minuscules qui montent peut être, en définitive bien plus que l'itinéraire initial.

Je demande mon chemin, on m'envoie vers une route qu'on me dit "charmante".


Et en effet, quel régal, c'est encore une route empruntée par l'ardéchoise.
Ils se donnent un malin plaisir à choisir toutes les difficultés du coin, mais on peut leur faire confiance pour la beauté des parcours.
C'est comme un chemin qui sillonne dans les pins.




Une odeur de pin mélangée à une odeur que je ne reconnais pas, comme celle du cassis sauvage.

Là haut une vue dégagée époustouflante sur les chaînes de montagnes alentours.



J'arrive juste au dessus de L'Argentiere, surplombant la vielle ville et ses jardins en espaliers.






Frayeur, une voiture en face, qui grimpe les lacets sur cette route (chemin) trop étroite pour que l'on se croise.

Superbe ! magnifique !
Ça valait le détour.













11 h 15 - 50 km Je rejoins la D41 puis la D104, c"est la lutte avec les voitures, j'accélère, les voitures me frôlent. Je laisse Montréal à ma gauche....

Je prends une route qui suit un très beau canyon (défilé) pendant 10 km jusqu'à Ruoms.












Puis je traverse Vallon Pont d'Arc sous des accord de flamenco.
Holé ! je passe, trop de touristes.
Je suis un moment l'Ardèche.

Je grimpe sur un plateau couvert de chênes verts, qui n'offrent aucun ombrage sur la route qui est devenue une fournaise, me renvoyant l'odeur chaude de goudron.

Une indication sur un bâtiment : "syndicat de Barjac 1957".
Iils ont même créé le syndicat des "barjots" pour moi, car avec une chaleur pareille à 13 h 00 il n'y a plus personne sur la route.

Nanou, me passe un coup de fil. Je réponds en pédalant, je ne veux pas m'arrêter en plein Cagnard, l'air de la "vitesse" fait du bien.
Elle s'inquiète m'entendant un peu essoufflé, et me propose d'aller me chercher.... Je lui dit que je n'ai fait que 80 KM, qu'elle ne s'inquiète pas.....

Joli village, écrasé sous la chaleur.

Je m'arrête 30 mn manger une salade ardéchoise à Labastide de Virac.
Il est 14 H 00.

Laval ST Roman, le vignoble ardéchois, les route bordées de platanes avec plein d'ombre sur la route.








Je cherche des yeux depuis un moment le mont ventoux et le devine sous un panache de nuages. Je reviendrai un jour lui parcourir les flancs en passant par bédouin et en redescendant l'autre versant. Ce sera pour plus tard.

Du vent ! Quelquefois de face : un bien (pour le rafraichissement qu'il me procure) un mal (pour mes jambes).

Je prends donc mon mal en patience et mouline.

Pont saint esprit, le Vaucluse.

Saint d'esprit, je le reste pour ne pas bourrer comme un malade sur ces routes roulantes, je sais qu'il me reste encore pas mal de chemin.

Je traverse le Rhône.

J'ai fait liason entre la vienne et le rhône.
Je commence à réaliser la chose.
Je passe en Provence

Pas mal François !

Les camions que je croise projettent poussière et sable que le vent me rabat en pleine figure.

Toujours aussi chaud.

J'emprunte sur 5 km la nationale 7 en pédalant au maximum. Les camions et voitures me frôlent.

Je me perds pour suivre cet itinéraire via michelin qui m'indique des rues qui ne sont pas indiquées dans une superbe zone résidentielle au dessus de Mornas, dans les oliviers et les murs de pierres sèches et Plates.

Ensuite route au travers des vignobles, je suis dans le gard.
Vacquéras, Gigondas, Beaume de Venise, je passe dans les vignobles des côtes du Rhône.

Je peine sur une toute petite montée vers Carpentras, les voitures s'impatientant derrière mois (1 moto double 1voiture qui me doublait, c'est très chaud...).

J'arrive à Carpentras assoiffé, ca fait 1 heure que je n'ai plus d'eau.J'y suis ! Je m'aperçois que j'ai perdu 1 feuillet de notes (et oui, je gribouille des notes sur mon itinéraire via michelin pour aider ma mémoire à sélectionner quelques petits extraits des moments fabuleux que je passe à sillonner ces routes, inaccessible au promeneur en voiture. Je n'arrive pas à les relire pour la plupart du temps).

Demain repos avant de repartir sur ma diagonale.

Mistral annoncé : 80 km / H

Je ne sais pas si j'avancerai ou reculerai ......

En attendant piscine et pâtes chez Nannou qui me soignent comme un pape.