jeudi 13 mai 2010

Ultra Trail Tiranges 2010 - U3T

Ultra Trail Tiranges

Dimanche 9 mai 2010
Tiranges - 6 h 00 du matin
65 km - 3 600 m de dénivelé positif

EXCELLENT TRAIL ! MAGNIFIQUE ! HYPER DUR !
Un trail en dehors des sentiers battus, et ce n'est rien de le dire, sans le rouleau compresseur du bissness de plus en plus omniprésent sur les ultras.
Un ultra entre copains, nature, convivial.
Le plaisir simple de faire partager et d'offrir une superbe balade autour de Tiranges, sans battage médiatique excessif et sponsors superflus.
Un trail hyper bien balisé avec une équipe de bénévoles chaleureux aux points d'eau et ravitaillement.
Un trail qu'on aurait aimé organisé et offrir.
Le retour aux sources : un ultra que l'on vient courir tout simplement pour se surpasser, se titiller les limites intérieures, là où à chaque instant la volonté risque de se fissurer et céder face à tout un tas de paramètres qui font de chacun de nous un être unique ou aucun modèle ne peut s'appliquer.
Un trail fait pour s'en mettre plein les yeux, plein les jambes, plein la tête !

C'était inespéré pour moi de terminer ce trail hyper difficile où même les plus endurcis et les plus aguerris de notre groupe ont soufferts sur un parcours plus qu'exigeant aux relances incessantes et aux descentes "à pic" qui vous massacrent les cuisses.

Florence
Je suis plus que fier de la course de Florence qui a enfin couru sa course, et a réussi à nous rejoindre vers la moitié du parcours, toute fraîche puis à nous doubler alors que je m'inquiétais pour elle.
Nous étions dans le dur alors qu'elle commençait sa course.
Superbe gestion, prometteuse pour nos futures aventures. je n'ai qu'à bien me tenir si maintenant je veux la suivre. Ses qualités de coureuses et les entraînements appropriés de Kiki avec ces multiples descentes en courant et montées en marchant de nos fameux escaliers de Givray ont continués à payer, et je parie qu'elle va encore nous surprendre dans l'avenir si elle arrive à assimiler le volume d'entraînement et sa fatigue, cumulé avec un volume d'horaires de travail beaucoup trop important pour concilier le tout.

Mon dimanche à Tiranges
J'avoue donc être rassuré de l'avoir terminé alors qu'au mieux, une petite voix intérieure essayait insidieusement depuis des semaines de me faire parvenir ses mauvais présages, avec un abandon programmé à la moitié de ces 65 km.....

Eh bien non ! le corps a résisté parce que la tête y était ! (enfin j'espère) et les bâtons ont aussi bien aidés

Si les jambes n'étaient pas au rendez vous (4 jours après, elles s'en souviennent encore), la "niak" pour aller au bout était bien là, façonnée au fil de  mes périples vélos des années passées autour d'une seule idée force qui est devenue ma philosophie de course :

Tracer la route et aller au bout de l'objectif fixé : finir ce que l'on a engagé, passer la ligne d'arrivée, et qu'importe le temps qu'on y met,  il faut avancer et finir. L'endurance pure et dure.

C'est paradoxale, mais j'ai toujours l'impression d'être plus humain après de telles courses qui ne supposent pourtant que de l'effort physique pur et dur, et nécessite par moment un repli sur soit même tant il est difficile de ne pas lâcher prise lors de grand passage de solitude.
C'est tout le contraire du contemplatif, et pourtant tout comme en vélo lors de mes périples, l'esprit arrive à se libérer de la fatigue et de la douleur du corps pour être plus réceptif et proche des autres. Non non, je n'ai pas fumé de substances illicites et ne ne suis membre d'aucune secte, si ce n'est celle du traileur de base avide se sensations sportives.
J'ai d'ailleurs retrouvé cet esprit dans le récit que les copains qui ont fait l'UTMB 2009 ou le MDS 2010   m'ont fait l'honneur de publier sur les blogs que j'ai tenus pour suivre et faire partager leur progression.
De plus, tout comme Florence une petite pensée de temps en temps pour notre Barbara, qui elle est allée au bout d'elle même et a terminé le MDS 2010, a aussi permis de relativiser la chose.

Mais je suis aussi conscient que j'ai apprécié ce trail parce qu'en fait j'ai atteint mon objectif qui était de finir. Certains de ceux et celles qui quant à eux n'ont pas atteints leur objectif n'ont pas apprécié le tracé "joueur" de ce trail.
Le vécu d'une course, le ressenti, dépend indéniablement du facteur résultat obtenu au regard de l'objectif fixé.
Ce qui me conforte complètement dans l'idée que c'est avant tout l'état d'esprit avec lequel on aborde une course de ce type qui fera qu'on en gardera ou nous un bon souvenir, la gestion de la fatigue et de l'alimentation étant bien entendu omniprésente tout au long des km.

Ce n'est donc pas un super exploit en soit, mais c'est une satisfaction personnelle d'avoir réussi à terminer ce trail ultra technique de Tiranges en courant en mode économique pour ménager mes "bobos" de pied.
Ce mode économique m'a assurément permis de mieux finir du fait que je me suis jamais allé dans le rouge comme il m'arrive quelquefois, emporté par un bien être euphorisant payé cash sur des finals difficiles... me faisant doublé lamentablement par les copines  Sylvie et Catherine qui au passage me mettent une petite tape sur les fesses tout en continuant à grimper à flan de montagne en papotant alors que moi je suis à l'agonie....

Mes compagnons de course Didier et Jacky
Ils m'ont attendu malgré moi ou ont levé le pied en douce pour me permettre de recoller après mes descentes prudentes contrairement à mon habitude, pour ne pas trop solliciter mon pied.

Ingrat que je suis  envers eux, puisque j'ai abandonné Jacky après le dernier ravitaillement, essayant de rejoindre Florence qui était reparti sans faire le plein d'eau. Je l'ai rejointe à l'occasion d'une pose technique qu'elle terminait et elle a pu boire sur mes réserves. Elle a ensuite terminé les 10 derniers km sans une goutte, courant à la sensation pour profiter pleinement de ce final où elle était encore très bien.

Des mots pour mes maux :
Faire un trail de cette difficulté sans avoir une préparation correcte du fait de ma blessure au pied et du manque de temps pour compenser par du vélo de route ou du vtt, était pour moi une totale gageure.
Médecin, osthéo, podologue, "effaceur" de contractures et surtout kiné ont pourtant réussi à remettre ma vielle carcasse récalcitrante sur "pied" et m'ont permis de participer sans douleurs insurmontables à ce super trail technique et ludique à souhait.

Ma préparation insuffisante depuis début 2010
Malgré une participation dantesque en début d'année au trail du Grand Brassac (compte rendu sur le blog de Christian), les jambes n'étaient pas assez préparées : Vélo de route :  472 km  - 24h, VTT : 20 km - 2 h , Course à pied : 537 km  - 54h  Dénivelé : 7 130m
Lien vers Mon carnet 2010 ici
 
Le super tracé de cet U3T
Dur, très dur, beau dans tous ces sous-bois pentus voir abruptes. EXCELLENT !
Une majorité du parcours au milieu (sous) les arbres, avec de multiples ruisseaux jaillissant parmi les rochers ou au détour d'une pente.
Du grand plaisir à courir dans un autre monde où seule la nature est présente, sur ces tapis de feuilles mortes ou de mousse, parmi ces arbres à la végétation aux couleurs printanière d'un vert tendre aux multiples intensité et tons.

Un grand coup de chapeau et un grand merci à Guillaume Millet qui s'est fait un plaisir de nous faire passer là où même les sangliers hésiteraient à s'aventurer...
Des passages comme j'aime à en découvrir ou faire découvrir aux copains lorsque nous faisons une rando trail et que nous découvrons le moindre recoin des environs du bois de Givray ou du bois de saint pierre.

On a l'impression que l'homme à la barbichette, au palmarès impressionnant sur les ultras,  n'a pas fait de détail pour tracer le parcours, coupant au plus droit dans les pentes, et pourtant on sent le détail peaufiné dans ce tracé aux incessants passages techniques, des surplombs magnifiques comme bien entendu tout autour de ce superbe village perché de Chalencon vu sous toutes ses faces, que l'on domine, que l'on traverse, puis qui nous domine et que l'on domine à nouveau après la traversée du pont du diable.

On sent là que notre diablotin d'homme a pris un "malin" plaisir à forcer des passages là où personnes n'oserait s'aventurer, en pensant, je suis sur en souriant, à ceux qui allaient râler face à une énième "patate" sans fin s"élevant telle un mur sur le flan des bois et vallées. Allant même jusqu'à nous mettre des petits panneaux humoristiques pour nous inviter à jouer avec lui à ce jeu de "hors pistes

Il est joueur et farceur le bougre, c'est en permanence du "tu me tiens, je te tiens par la barbichette, le premier de nous 2 qui craquera ...."
Pas de normes établies, pas de standards, l'esprit nature à l'état pur. 

A conseiller à toutes celles et tous ceux qui veulent courir un trail ultra dur dans un écrin de végétation organisé par une équipe très sympathique qui porte haut les valeurs du trail, course nature dans tous les sens du terme.

Matos
Mon Garmin Forerunner 305 a en fait bien tenu les 12 h 15 de ma lente progression sur ces 65 km.
Je devais tester la batterie supplémentaire avec les 4 piles AA que François m'avait donné, mais je n'ai pas eu le courage de monter la petite installation telle que conseillée par Thierry le Bérrugeois pour palier au manque d'autonomie du gamin 305.
La technique de Thierry consisterait à fixer la montre sur son support lui même connecté à la batterie de recharge via le cordon USB.
  • Inconvénient : il faut l'accrocher solidement à son sac pour d'une part pouvoir la consulter et d'autre part ne pas la perdre comme c'est arrivé à notre malheureux Eric au Grand Brassac (un 310 tout neuf dont le bracelet a du se défaire de son poignet).
  • Avantage : la batterie de la montre ne se décharge pas puisqu'elle s'alimente sur la batterie connectée, Il suffit d'emmener plusieurs jeux de piles et je pense pouvoir prolonger l'autonomie de ce 305 pour faire la diagonale des fous en octobre prochain. Par contre je n'ai pas résolu le problème de mémoire de la montre pour enregistrer toutes les données sur les 150 km et quelques 60 heures de course (progression) qui n'attentent. Il faut tester et peaufiner.
D'autant que cette montre n'est pas un gadget pour moi, elle m'a aidé moralement en égrainant les kilomètres par un petit Bip réconfortant (ce bip mettant très longtemps à venir dans les pentes raides où nous avançions au pas : 11 min 17 de moyenne au km !!).
 
Les données cardio confirment que j'ai su rester raisonnable sur cette course et ne pas me mettre dans le rouge
FC moy.: 78 % de la valeur max.  FC max.: 93 % de la valeur max.

Mon parcours transféré sur le site garmin ici (cliquez en haut à droite du site Garmin sur "afficher en métrique")

Encore bravo à  Guillaume Millet et à toute son équipe, bravo à ma Florence et merci à Christian de nous avoir fait découvrir cet ultra trail de Tiranges qui vaut le déplacement !
Et puis nous voilà avec 2 points de plus pour l'UTMB 2011 au cas oû notre future diagonale des fous 2010 ne nous réussirait pas.

Kiki
Lien vers le blog de Christian et son récit  d'une course improbable qu'il a couru haut la main  en compagnie d'Eric et Alain alors qu'il venait juste de faire le MDS 2010 !
Une vrai bête ce Kiki ! il est comme cet ultra trail : no limit !!!

Le groupe
Félicitations aussi à tous les copains qui ont fini cet ultra du tonnerre et une mention spéciale pour Xavier qui nous a déposé au 1er point d'eau et nous met 1 heure dans la vue !

Bravo aussi à Carole qui malgré de gros soucis de santé répétitifs de ces deniers temps réussit à faire 30 km, encore sous l'effet de ses traitements multiples, malgré un avis médical défavorable, montrant bien là que son courage et sa volonté sauront lui permettre de boucler honorablement son futur trail breton en compagnie d'Eric et Jean Claude.

Encore une superbe épopée pour toute notre sympathique petit groupe où il y en avait pour tout le monde du marcheur au traileur, de l'accompagnateur au petit joueur.....

Prochaine aventure en montagne dans les Hautes Alpes pour l'ultachampsaur le 4 juillet prochain. Ultra qui vaut aussi 2 points pour l'UTMB.
D'ici là, vélo VTT, et rando trail montées/descentes au programme après 2 semaines de coupure bien méritée qui me permettront de me consacrer, avec l'équipe organisatrice, aux derniers préparatifs du marathon Poitiers-Futuroscope pour offrir le maximum de plaisir aux concurents : le plaisir de courir à Tiranges et maintenant, le plaisir d'offrir et de partager sur le  marathon Poitiers-Futuroscope. De consommateur à acteur pour essayer de rassembler autour de la course à pied. Consom'acteur de course à pied, voilà un statut qui me plaît bien.
Je me l'attribue donc d'office en guise de point final d'autosatisfaction.